Test : Predator Hunting Grounds sur PS4 !

Depuis le 24 Avril dernier, un des monstres sacrés du cinéma des années 80 a vu son jeu sortir des fourrés :
Predator Hunting Grounds.
Predator Hunting Grounds

Genre : FPS – TPS – Action
Développeur : IllFonic
Éditeur : Sony Interactive Entertainment
Supports : PC – PS4
Classification : 18+
Date de sortie : 24 Avril 2020
Cette chronique a été réalisée après avoir joué une dizaine d’heures sur PS4
Le Predator ! Qui ne connait pas cet alien emblématique, apparu sur les écrans pour la première fois en 1987, face à un Schwarzenegger tout jeunot et tout gonflé ? Le film de John Mctiernan a laissé une marque indélébile dans l’imaginaire de tous les fans de science-fiction.
Il y a eu des suites et des jeux, plus ou moins réussis, des spin-off et des reboot, plus ou moins ratés. Mais une chose est sûre : le chasseur sanguinaire et collectionneur de colonnes vertébrales fascine toujours autant. Alors que personne ne l’attendait (le dernier film mettant en scène le monstre étant sorti il y a maintenant 2 ans), Predator Hunting Grounds se révèle à nous, joueurs. Bonne surprise ou pétard mouillé ?

Un concept intéressant … mais mal exploité
Predator Hunting Grounds est un jeu exclusivement multijoueur proposant un gameplay asymétrique dans lequel vous incarnez soit un membre d’une escouade de quatre soldats, soit le Predator chargé de les chasser. Ce concept, rappelant beaucoup le jeu Evolve sorti en 2015, a pour mérite de proposer une certaine variété de gameplay. Néanmoins, on voit tout de suite le problème qu’il impose : Qui a envie de jouer un petit soldat lambda, quand on peut jouer le fameux Predator ? et les files d’attentes du matchmaking en témoigne. Il faut environ 30 secondes pour trouver une partie en tant que soldat, et environ 5 minutes (au mieux) pour trouver une partie en tant que Predator. Et pour cause : le gameplay du soldat est d’une fadeur rarement atteinte dans un FPS.

Permission de s’amuser chef ?
Non, pas vraiment… Pour justifier le fait qu’une escouade de marines se balade dans la jungle, le jeu vous donne des objectifs à remplir à travers la carte. Vous allez donc vous déplacez d’un point A, à un point B, à un point C etc… en « affrontant » d’autres soldats gérés par une IA complètement ahurie, jusqu’à boucler votre mission et demander à l’hélico de vous récupérer afin de vous enfuir.
Soyons honnête, vous n’y prendrez aucun plaisir. Les objectifs (capture d’un point de transmission, collecte de données, tuer un méchant plus gros que les autres) n’ont rien d’intéressant à proposer. Ces fameux ennemis contrôlés par le jeu sont surement le plus gros point noir du titre. Ils courent à découvert, s’arrête sans raison, vous regarde sans tirer ou vous vide un chargeur sur le crâne à l’autre bout de la base. Bref, du grand n’importe quoi.
Heureusement qu’on sait qu’il y a une vraie menace qui se balade dans le coin pour apporter un peu de tension, car une IA aussi stupide brise complètement l’immersion. Au passage, les sensations de tir avec les armes, quelles qu’elles soient, n’apportent aucune satisfaction. Tout est mou et sans saveur. Les amoureux de jeux de tir auront bien du mal à s’en contenter, surtout s’ils sortent d’un certain DOOM Eternal, disponible depuis à peine un mois, et pour seulement 20 euros de plus …

Le chasseur chassé
Abordons maintenant la partie la plus séduisante du titre : le Predator. Si vous pensiez que la bête était imbattable, détrompez-vous. Certes, il s’en dégage une certaine sensation de puissance dans ses déplacements au sol, dans ses sauts, ou dans son crapahutage dans les arbres. Car oui, vous avez la possibilité de grimper aux arbres et de sauter de branches en branches grâce à la fameuse capacité du Predkour (jeu de mots, au passage, d’une grande finesse).
Mais il va vous falloir déployer des trésors d’ingéniosité si vous souhaitez venir à bout des joueurs adverses. La vision thermique est d’une utilité assez discutable et le camouflage optique, censé vous rendre invisible, est totalement inefficace. Ajoutez à cela les traces de sang vert fluo que vous laissez derrière vous quand vous êtes blessé, ainsi que les cris intempestifs que vous lâchez sans aucune raison, et vous vous apercevrez très vite qu’un commando possédant des yeux et des oreilles en bon état n’aura aucun mal à vous repérer. Autre problème, l’iconique canon à plasma d’épaule n’inflige que des dégâts moyens et émet un énorme rayon rouge bien visible. Vous déciderez donc très vite de vous en passer, même si cela vous aurait permis de vous tenir à bonne distance de vos adversaires.
Puisque vous passez une bonne moitié de la partie à errer dans la jungle en quête de vos ennemis (en tant que Predator, vous apparaissez, sur la carte, assez loin du commando), et pressé par le temps ainsi que par le bruit de l’hélico qui va permettre à vos proies de s’envoler, vous n’aurez pas d’autre choix que de foncer dans le tas à coups de griffes.
Vous vous attendiez à incarnez un chasseur froid, méthodique, implacable ? En résumé, tout ce qui fait l’ADN du Predator ? Perdu. C’est bien simple : quand vous tombez sur un commando un minimum organisé et jouant groupé, vous n’avez aucune chance et le déséquilibre entre les deux camps pourra vite rendre fou le plus patient des prédateurs. Une petite mention spéciale, toutefois, aux sons et à certains visuels, très fidèles au film original, et qui parviennent à en recréer l’ambiance.

L’investissement
Pour pousser les joueurs à s’investir et persévérer, est présent le système le plus classique et le plus éculé du monde, que l’on retrouve dans la quasi-totalité des jeux multijoueur : la personnalisation cosmétique. Comme s’il était encore utile de présenter cette mécanique, jouer et acquérir des points d’expérience permet de débloquer aléatoirement des skins d’armes et de personnages afin de les customiser. Et quelle incroyable customisation ! Comme il est difficile de choisir entre les superbes nuances de vert disponibles pour le Predator, ou encore entre le casque-micro ou les lunettes pour le commando. On peut se moquer des Fortnite ou des Apex Legends avec leurs skins délirants et parfois assez ridicules, mais on ne peut que pleurer devant la tristesse de ceux proposés par Predator Hunting Grounds. Il y a cependant quelques apparences de masques de Predator qui semblent avoir demandé un peu de créativité, mais c’est à peu près tout.
La seule motivation un tant soit peu valable reste de débloquer les différentes classes de Predator au-delà de celle proposée de base (un léger plus mobile et plus fragile, un lourd plus puissant et plus lent) mais une fois acquis, plus rien d’excitant, malheureusement.
Un aspect qui aurait pu amener une vraie diversité de gameplay et donner aux joueurs l’envie d’insister ? la personnalisation d’arme non cosmétique. Mais à nouveau, cet aspect est bien trop chiche. Il est possible de modifier son viseur et son chargeur en tant que commande, rien de plus. Dommage, car le simple fait de mettre un lance-grenade sur son fusil d’assaut ou la possibilité de suréquiper une arme de Predator aurait pu apporter un peu de fun à un jeu qui en manque trop cruellement.

Un jeu qui n’a pas une gueule de porte-bonheur
On a gardé le meilleur pour la fin : l’aspect graphique et technique du jeu. Et il est absolument misérable. Sur une PS4 classique, le jeu tourne à une résolution bien en dessous des standards actuels et vous parasite avec des sauts de frame rates à chaque coup de camera un peu trop violent. Passé le canon de l’arme, tout est flou, tout rame, tout clignote (l’aliasing est vraiment omniprésent), et il est déconseillé à ceux souffrant du mal des transports de regarder les textures de trop près. Sérieusement, c’est à la limite du jouable. Finalement, heureusement que le camouflage du Predator n’est pas plus efficace car avec de tels graphismes, il serait vraiment impossible à détecter… Soit le jeu n’est pas fini, soit il reste encore des studios incapables d’optimiser des moteurs graphiques pour des consoles arrivant en fin de génération.

L’avis du testeur sur Predator Hunting Grounds ?
Vous l’aurez compris, il va être très difficile de vendre ce Predator Hunting Grounds.
Pourtant, tout n’est pas à jeter. Le jeu parvient approximativement à reproduire l’ambiance et le visuel du film de 1987 et la carte avec sa jungle luxuriante est plutôt bien construite. Malheureusement, ce sont ses seuls points forts puisque, côté commando, le gameplay est tout simplement insipide, et côté Predator, la créature est injustement rendue impuissante ce qui la rend trop frustrante à jouer.
Dénué de créativité, le jeu n’a strictement rien à proposer d’original ou d’intéressant en termes de contenu sur le long terme avec son mode de jeu unique, sa personnalisation cosmétique risible, et ses quelques rares armes aux possibilités de modifications trop limitées. Mais plus grave encore, une question s’impose à l’esprit : Pourquoi ce jeu existe-t-il ? On aurait pu éventuellement défendre, avec plus d’aisance, un mode multijoueur raté dans un titre comportant un solo. On peut notamment penser, par exemple, au multijoueur de Resident Evil 3 Remake, lui aussi asymétrique, et lui aussi plutôt mauvais, mais compensé par une campagne solo somme toute très correcte.
Mais dans le cas présent, nous sommes face à un jeu uniquement multijoueur qui se contente de reprendre un concept déjà et mieux exploité, qui inclut une mécanique de skins et de lootbox présentes dans le moindre free-to-play, qui ne réussit pas à procurer un quelconque plaisir de jeu même avec plusieurs gameplay différents, et qui, pour se vendre, utilise l’image d’une licence de science-fiction ultra populaire. Qu’elle qu’ait été le projet initial, sûrement plein de bonnes intentions, le résultat manette en main est malheureusement sans appel : c’est un échec cuisant. Predator Hunting grounds est un jeu sorti dans l’indifférence générale que les victimes d’un achat compulsif oublieront dans leurs bibliothèques vidéo-ludiques, presque aussitôt.
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